Prostituée mais aussi star du X, Nadia, de confession musulmane, a conté au Mouvement du Nid, association de soutien aux personnes prostituées en France, sa terrible expérience des années qu’elle a passées dans la pornographie.
Son récit (Suite et fin)
Un esclavage “moderne”
Ce qui m’a fait arrêter tout ça, c’est que j’ai eu un pneumocoque. J’ai passé deux mois à l’hôpital dont un mois dans le coma : ça m’a permis de sortir du cercle vicieux.
Maintenant, je réalise que la pornographie, c’est de l’esclavage moderne. J’ai été vraiment humiliée. A côté, j’ai trouvé que dans la prostitution il y avait au moins des hommes gentils ; j’ai été violée une seule fois et je n’ai pas été torturée. Le X, c’est des viols à répétition, c’est inhumain. Dans une journée de prostitution, j’ai pu avoir 11 hommes au maximum. En quelques heures de porno, 35. Et dans la prostitution, je n’ai pas vendu mon image.
Aujourd’hui je suis enceinte et je vis avec 800 euros par mois. J’ai une pension d’adulte handicapé suite à des problèmes psychiatriques. Quand tout est payé, il me reste 5€ par jour. Je voudrais tant que ma fille ait tout ; qu’elle puisse aller à Nice et à Disneyland ! Elle a 14 ans et je veux absolument la récupérer. Mais il faut que je me batte devant les tribunaux pour faire effacer mon image d’actrice porno et de prostituée. Il faut voir l’accueil par la police et la justice ; on en prend plein la gueule.
Avec le Mouvement du Nid, nous avons entamé une procédure pour récupérer mon droit à l’image. Toutes les boites de production ont été menacées de poursuites judiciaires. Jusqu’ici, les femmes qui ont essayé ont fini par laisser tomber ; les producteurs leur ont donné de l’argent.
Il faut dire aux jeunes de ne pas s’identifier aux acteurs pornos. Ce n’est pas la réalité. Et surtout dire aux filles que c’est un milieu de requins ! Je n’aurais pas voulu que ma fille tombe là-dedans, qu’elle se fasse embrigader. J’ai souvent tenté de dissuader les jeunes filles que j’ai rencontrées. Il y en a qui travaillent gratuitement dans le porno dans l’espoir de devenir actrices… Mais dans les salons, celles qui venaient me demander comment faire pour tourner, je ne pouvais pas leur dire, faites attention !
On est fragile dans ce monde-là. Ça peut très mal finir. J’aurais pu devenir une loque. Je pourrais être morte. Aujourd’hui je n’aspire plus qu’à une vie normale, à un travail normal. Mais quand on a été prostituée et star du X, on porte un fardeau.
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